Hannover - Strasbourg : Adieu Suzette
Adieu Suzette

Je repars donc avec Suzette ce matin avec l'angoisse au ventre que le moteur peut lâcher à tout instant. J'égraine dans ma tête les kilomètres qui me séparent de la France, chaques dizaines avalées est une petite victoire. Le trajet est plus que long vu mon allure, à peine 110km/h sans dépasser les 4500-5000 tr/min, le tout sur autoroutes et sous une chaleur qui refait son apparition.

Près de Baden-Baden, le bruit du moteur est littéralment assourdissant et de plus en plus fort. Je ne fais plus beaucoup de kilomètres ainsi, tout s'arrête peu de temps après, j'entend la chaine filer au fond du bloc moteur, puis plus plus rien. Je laisse la moto finir sa course en roue libre... Je tente de redémarrer mais plus rien ne se passe. Tout est fini, à moins de 40km de Strasbourg. Par chance je ne suis pas très loin d'une borne téléphonique. A 500m de là un 4x4 (Suzuki !) est en panne sur le bord de la route. Je préfère pousser la moto jusque là, les occupants du 4x4 ont déjà du appeler des secours cela m'évitera de m'expliquer (en Allemand !) à la borne téléphonique. J'attend avec les occupants du 4x4 un dépanneur. Celui-ci arrive au bout d'une demi heure. Il me fait comprendre qu'il ne veut pas toucher à la moto, il n'y connait rien. Je lui explique qu'il n'y a rien à faire à part la remorquer. Il appelle un des ses collègues pour qu'il passe me récuperer ainsi que la moto. Il repars ensuite, le 4x4, lui a été dépanné.

Commence alors une longue attente en plein soleil. Au bout de 45 minutes une dépanneuse fait son apparition. Le type charge la moto et nous sommes en route vers son garage, en plein campagne allemande. Une fois là bas il me demande règler le remorquage, pas moins de 350€ et en liquide uniquement !!! Je refuse. Il me dit de revenir lundi avec l'argent. Je le laisse y croire, moi je sais que lundi je dois être de retour au boulot à plus de 800km d'ici. Il repars avec son camion. Je contacte alors mon assurance pour commencer à règler tout cela et je contact aussi ma famille du coté de Colmar pour me rapatrier. 30 minutes plus tard le garage ferme et il me laisse en plan ici.

Le soir je suis finalement de retour en France, en famille près de Colmar. Le voyage ne se termine pas comme je l'avais espéré. Il aurait fallu peu de chose pour que j'arrive au moins en France. Abandonner la moto dans ce garage, (je ne sais pas encore si elle sera récupérable et réparable) me fait mal au coeur, surtout après tant de voyages fait avec... Je peux toujours me consoler en me disant que je suis indême et que cela m'arrive sur la fin, mais quand même cela laisse un gout amer, d'inachevé...