Jour 7 : Budapest - Cluj Napoca
Le choc de la Roumanie

Distance : 405km
Villes principales :
- Budapest
- Cegléd
- Szolnok
- Oradea
- Cluj Napoca
Aujourd'hui je quitte donc la Hongrie pour la Roumanie. Il me faut d'abord traverser Budapest et rejoindre l'Est de la ville.
Ce n'est pas une partie de plaisir, bien au contraire. Les rues sont saturées de véhicules en tout genre, l'état
des routes est très mauvais, un avant gout de ce qui m'attend par la suite et
la chaleur est déjà très présente et difficile à supporter malgrès que ce ne soit que le début de la matinée !
Finalement après presque une heure de galère dans la banlieu de Budapest je fini par sortir de la ville et rejoindre les grands axes,
direction la Roumanie. Peu d'indication vers cette destination, mais il y a peu de routes (je croise quelques panneaux indiquant l'Ukraine)
donc il n'y a pas à se tromper. Je
trouve la route très monotone, des champs à perte de vue, un paysage très plat et litérallement grillé par le soleil. Pendant un certain temps je
suis un train. Etrangement partout où il passe il y a des feux de broussailles, parfois très proches de la route ou des habitations. Après
un moment je me rend compte que c'est le train avec les étincelles sur les rails qui propage le feu ! Et cela continue
ainsi sur des dizaines kilomètres ! Je perd le train de vue près de la frontière Roumaine. Au poste frontière les douaniers
sont assis sur des tables dehors, la chaleur est étouffante et infernale. Inspection du passeport tout est en règle je peux
passer, j'ai même le droit à un "Bienvenue" en francais.
En moins d'une dizaine de kilomètres, c'est le choc de
la rencontre avec la Roumanie. Sous ce soleil de plomb les routes sont dans un état incroyablement
mauvais (nids de poule monstrueux, ornières,etc...), le pire étant en ville. A cela s'ajoutent des règles de circulation plus qu'aléatoires...
Bref circuler ici demande beaucoup de sang froid et d'attention, et cela devient très vite un calvaire pour les
suspensions de la moto et humaines ! L'autre choc est celui de la pauvreté qui reigne ici.
Je me sens très mal à l'aise face à celle-ci, impossible de croire que je suis encore en Union Européénne :
Gosses en haillons qui
trainent dans les rues et sur les routes, vieilles femmes courbées, cassées par le travail qui
vendent ce qu'elles peuvent sur le bord des routes, babiolles en tout genre, fruits, légumes, les vielles charrettes
tirées par des cheveaux, les maisons faites parfois de planches et de tôles dans les villages.
Cela provoque un profond malaise
face à tant de misère. Par respect envers eux et pour ne pas sombrer dans du voyeurisme humaniataire de bas étage dégoutant
je me refuse de prendre des photos de ces situations.
Il me faut malgrès tout avancer et ce n'est pas une ballade du dimanche et en plus la chaleur est quasiment
insupportable avec le cuir, je crois que je n'ai jamais eu aussi chaud de ma vie à moto.
Petit moment de plaisir, une partie de route se met à serpenter dans des petites montagnes. Mais le plaisir est gaché par le fait
qu'il faut naviguer sur une route en très mauvais état et les Dacias qui tentent comme elles peuvent de grimper les pentes.
Je finis en fin de journée par arriver à Cluj Napoca. Il m'a fallu tout de même tout l'après midi pour parcourir
seulement les 150 km qui me séparent de la frontière ! Le SV n'est vraiment pas à l'aise sur ces routes défoncées.
A l'intérieur de la ville je remarque que la voie de droite est complètement humide et cela continue à travers
toute la ville dans beaucoup de rues. Arrêté à un croisement les feux se mettent aux verts et je dois tourner à droite.
Et c'est là que je comprend que la route n'est pas humide m'est littéralement maculée de gasoil et
cela ne loupe pas, c'est la chute. Je tombe de tout mon poid et la moto
se couche, heureusement à faible vitesse, je venais de démarrer. Un peu sonné, un motard du coin m'aide à me relever.
On sort la moto du carrefour. Résultat, moi je sens mon épaule et mon avant bras qui m'élancent mais rien de
méchant. Pour la moto par contre le bilan est plus lourd, une éraflure de plus au carrénage avant, mais
surtout un pare-carter droit complètement tordu, au moins il a joué son rôle, la pédale de frein est cassée et
la patte de fixation de celle-ci tordue. Cela s'annonce mal. En regardant cela le motard roumain me propose d'aller
chez un de ses amis qui bricole des motos et qui possède un SV, c'est à deux pas d'ici. J'accepte et me voila rendu chez le type.
Petit bavardage entre eux et son ami me propose de réparer le SV. Au fond de son jardin il y a 2 épaves de moto qui
trainent (un SV de 2004 et un vieux GSXR). En peu de temps et avec peu de moyen (clé à mollette et chalumeau),
on redresse ce que l'on peut et la pédale de frein est bricolée avec une vis. Encore mieux que Mac Giver !
Je propose au type un peu d'argent pour le remercier, mais il refuse catégoriquement. Pendant ce temps d'autres
copains à eux sont arrivés, motards aussi. L'un d'entre eux me propose de m'accompagner jusqu'à l'auberge où j'arrive en peu de temps.
Des types incroyablement sympas que je remercie du fond du coeur ! Et oui la solidarité motarde existe, même à l'étranger, on est bien loin
des motards francais qui se saluent à peine sur la route et qui ne font aucun geste en cas de problème...
Me voila donc en Roumanie la journée aura été très éprouvante : Je me sens complètement
exténué par la chaleur, mon épaule et l'avant bras m'élancent de plus en plus, je vais déguster demain.
Il y a aussi le choc de la pauvreté du pays. Enfin, je me rend compte de la folie de ce voyage ;
En une demi journée j'ai à peine pu faire 150km, les routes sont dans des états affreux et très
dangeureuses. "Be carreful, the roads are very bad here" m'ont dit les motards roumains ! Le SV n'est pas du tout adapaté pour ca.
Demain je dois enquiller près de
500km pour rejoindre Bucarest, cela me parait infaisable. Et le lendemain
continuer par 600km de petites "routes" de campagnes pour trouver l'unique poste frontière perdu dans le delta du Danube
entre la Roumanie et l'Ukraine, près de Galati. Cela semble encore plus impossible à réaliser.
Les motards roumains m'ont conseillé de passer par la Moldavie, Chisnau et Tiraspol avec
la Transnistrie un endroit peu recommandable
et plus ou moins en guerre civile, même si la route semble plus "propre".
Et ensuite une semaine en Ukraine sur des routes encore pire...
Vraiment cela n'est pas jouable comme ca, je décide de couper au Nord et de tenter de raccourcir
mon séjour en Ukraine et de la rejoindre en passant par le Nord de la Roumanie, à travers les Carpathes.
Une très dure journée, que me réserve demain...
Extrait des recommandations du ministère des affaires étrangères francais concerant la Transnistrie :
Les voyages en Transnistrie (région sécessionniste, située à l’est de la Moldavie) sont déconseillés,
y compris les transits entre la Moldavie et l’Ukraine. Cette région, où la sécurité n’est pas assurée,
est hors du contrôle du gouvernement moldave. Par conséquent, l’ambassade de France ne peut assurer
l’assistance aux Français de passage en difficulté dans cette région. Il est fréquent que des voyageurs -
pourtant en possession des documents appropriés - qui ont traversé la Transnistrie depuis la Moldavie ou
l’Ukraine, signalent avoir rencontré des difficultés auprès des "gardes frontières" transnistriens (refus
de passage, exigence de paiement d’une "amende"). Quelques rares cas de violences ont également été signalés.
L’Ambassade de France n’a pas la possibilité d’intervenir lors d’incidents de ce type.
Au début de l’été 2006, deux engins ont explosé dans des transports en commun de Tiraspol, la "capitale"
administrative de la Transnistrie. Ces incidents ont fait chacun plusieurs morts et blessés.
D’une manière générale, il est préférable de ne pas arborer de bijoux ou montres de prix et déconseillé de
porter de manière ostensible un appareil de photographie ou une caméra, sans être accompagné.
(...) Lire la suite
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Au milieu des collines roumaines, une très belle église orthodoxe
L'église catholique de Cluj Napoca
Dans les rues de la ville, avec la cathédrale orthodoxe au fond
Une statue du roi Mathias Ier (Corvin) de Hongrie
Une jolie facade